À travers les yeux d’un appelant au signal, qu’est-ce qui fait la grandeur d’un quart-arrière ?

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Le Quart-arrière des Broncos de Denver et le future renommé John Elway s’armant fermement contre le linebacker des Falcons Cornelius Bennett lors du Super Bowl XXXIII à Miami. (AP photo/Doug Mills)

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Par: Travis Brody
Traduit par: Céline Martin

 

L’ancien directeur général des Colts et des Rams et légende du personnel Don Klosterman a beau avoir donné le meilleur de lui-même lorsqu’il a dit au directeur général des Giants Ernie Accorsi, « N’évalues pas ton quart-arrière de la même façon que tu évalues les autres 21 positions. Ils ne jouent pas au même sport. Avec un Quart-Arrière, ce sont des choses que tu ne peux mettre sur papier qui feront toute la différence. »

Le quart-arrière est une position unique, pas seulement au sein du football Américain, mais dans tous les sports. Cela exige un ensemble de compétences physiques incomparables, et surtout cela demande une disposition spécifique peu fréquente et difficile à mesurer.Comme a dit Klosterman, « ce sont des choses que tu ne peux mettre sur papier et qui feront toute la différence ». Alors quelles sont ces compétences que tu ne peux pas écrire sur papier ?

Commençons tout d’abord avec peut-être l’une des mesures les plus quantifiables. Pendant toutes les années où j’ai été joueur, coach, et autour des matchs de football Américain, je n’ai jamais rencontré de quart-arrière qui n’ait pas été intelligent. J’ai rencontré ou coaché des joueurs qui n’avaient pas les meilleurs dossiers scolaires, mais les notes académiques ne sont pas forcément la meilleure indication concernant l’intelligence de quelqu’un. Les quart-arrières ont besoin de capacités mentales pour comprendre les schémas de toute une attaque tout comme ceux de la défense adverse. Ils doivent comprendre les affectations de chaque joueur offensif sur chaque action et de lire les formations défensives pour en analyser les forces et faiblesses. Entre-temps, le quart-arrière a besoin de suivre ses affectations à la lettre pour donner une chance de succès à l’action – qu’il s’agisse d’une transmission de balle ou d’une passe au loin. L’évaluation qui se rapproche le plus d’une mesure d’intelligence que détient la NFL est le test « Wonderlic » de capacité cognitive. Avant d’effectuer le draft NFL chaque année, les espoirs NFL sont administrés au test Wonderlic – un examen de 50 questions, exécuté en 12 minutes qui évalue les aptitudes du joueur à apprendre et à résoudre des problèmes. Le score moyen d’un joueur NFL est de 20 à l’examen, alors que celui des quart-arrière est de 24. Cependant, certains quart-arrières ont obtenu un score bien au-dessus de la moyenne tels que Alex Smith (40), Eli Manning (39), Colin Kaepernick (38), Matt Stafford (38), Andrew Luck (37), Tony Romo (37), Aaron Rodgers (35), et Tom Brady (33). Le top 20 des quart-arrières NFL de cette année (évalués par « passer rating ») ont scoré au moins 25 à l’examen. Un quart-arrière débutant – Ryan Fitzpatrick de Houston – a le 3ème plus haut score de tous les temps, en obtenant 48 au test. Il est juste de dire que l’intelligence est une contribution majeure au fait d’être un bon quart-arrière.

Ensuite il y a des qualités qui ne peuvent tout simplement pas être mesurées : la personnalité, le leadership, la confiance absolue, la positive attitude, la résistance, et la ténacité. Le quart-arrière se doit d’être le leader de son équipe à tout moment, il doit prendre la responsabilité des défaites de l’équipe tout en détournant celle-ci vers les victoires de cette même équipe, et être le joueur le plus investit dans l’organisation. S’il est durement frappé, il se doit de rebondir. S’il est blessé, il se doit d’être un soldat. Il doit croire en son équipe chaque jour et partager cette vision avec chacun d’entre eux. Toutes ces qualités mènent à une chose : tes coéquipiers doivent croire en toi.

D’un point de vue physique, la précision d’une passe est de loin le plus important, un atout encore sous-estimé pour un bon quart-arrière. Plusieurs scouts NFL et directeurs généraux ont fait l’erreur dans le passé d’évaluer un joueur sur son apparence physique plus que sa capacité à jouer la position. Tim Tebow, un joueur qui a tous les autres éléments intangibles qui font de lui un grand quart-arrière, a simplement manqué la précision Elite requise pour jouer la position en NFL. A l’inverse, des quart-arrières comme Drew Brees et Michael Vick ont été capables de surpasser la taille limite (les deux mesurent environ 1.82m) grâce à une précision de lancée exceptionnelle. Un autre facteur physique des plus importants pour un quart-arrière est la capacité à lire le terrain. Le quart-arrière doit lire la couverture défensive de pré-snap, anticiper un rush, et trouver un receveur démarqué. Ceci est le plus gros ajustement pour la plupart des quart-arrières entre le college et le niveau professionnel, et beaucoup échoue ainsi. Au niveau College, le jeu est un peu plus lent, les receveurs bénéficient d’un plus large écart de talent avec les defensive backs, et les systèmes offensifs et défensifs sont moins complexes. Les quart-arrières avec un niveau athlétique supérieur peuvent en général dominer à ce niveau alors que l’écart de talent au niveau professionnel est au mieux minimaliste. Les Defensive backs couvrent mieux leurs receveurs ce qui signifie que le créneau pour lancer la balle est réduit, le jeu est plus rapide donc les joueurs ont moins de temps pour réagir, et les hommes de ligne défensifs et les linebackers sont plus denses, plus forts et plus athlétiques. Un bon exemple de joueur ayant été à tous les égards un bon quart-arrière mais n’ayant pas réussi cet ajustement est Matt Leinart, l’ancien quart-arrière des Cardinals, Texans, et Raiders. Matt a excellé au niveau College à l’USC, en gagnant deux titres de champion national pendant qu’il jouait pour Pete Caroll, l’une des équipes de College les plus talentueuses jamais réunies. Cependant, il n’a simplement pas pu s’adapter à la vitesse du jeu en NFL et avait une grande difficulté à trouver un joueur démarqué. Sa précision et son leadership aurait seulement pu le mener très loin, et finalement sa carrière s’est éteinte après seulement quelques années au sein de la ligue. Des gens comme Tom Brady ou Peyton Manning sont tout simplement les meilleurs à cela – travailler en constante progression pour trouver un receveur démarqué. C’est un des atouts qui fait la différence entre un bon et un très bon quart-arrière. Le jeu de jambe est un autre atout qui peut différencier un grand quart-arrière des autres.

Drew Brees a un jeu de jambe supérieur, ce qui lui donne un avantage sur la plupart des autres quart-arrières. Les anciens quart-arrières Drew Bledsoe et Ryan Leaf (qui ont tous deux été par coïncidence à l’Etat de Washington) étaient célèbres pour leur mauvais jeu de jambes. Ceci a freiné les deux quart-arrières sur divers niveaux à différents stades dans leurs carrières.

La force de bras est aussi un facteur déterminant, malgré qu’il ne soit pas le plus important. Des quarts-arrières comme Peyton Manning et Alex Smith excellent malgré leur force de bras médiocre, alors que Jay Cutler et Matthew Stafford ont seulement connu des succès mitigés malgré une force de bras d’Elite. Les bons joueurs peuvent nier cela par des mécanismes cohérents, un bon jeu de jambes, et une bonne rotation de hanches. Cela peut être un atout précieux, mais un manque de force dans les bras peut certainement être surmonté.

La taille et la carrure d’un quart-arrière sont importants, mais un quart-arrière peut aussi bien être trop petit, ou trop grand, trop lourd, ou bien trop léger. Presque chaque quart-arrière en NFL mesure entre 1m82 er 1m98 et pèsent entre 94 et 111kg. Si un quart-arrière rentrent dans ces clous, il a physiquement les bonnes mesures pour jouer en NFL. Etre trop petit peut rendre difficile la vision au-dessus de la ligne offensive tandis qu’être trop grand signifie être plus fin et moins agile. Etre trop léger peut limiter la force et la capacité physique, et être trop lourd rend moins mobile. Chacune de ces dispositions peut être surmontée, toutefois, un quart-arrière de taille atypique aurait plus probablement le besoin de compenser par un autre moyen, tel que la force de bras, le jeu de jambe, la précision, etc.

Enfin, nous avons la capacité de courir, qui est autant un atout qu’un obstacle. C’est un atout de valeur sur le court terme et une arme fondamentale à avoir dans son arsenal, mais courir crée bien trop souvent un risque extrême. Un quart-arrière est, dans la plupart des cas, le joueur le plus important, donc le désigner pour un jeu de course (QB sneak) ou le forcer à lutter, c’est jouer avec le feu ; au final, on prend feu.

Malgré toutes ces caractéristiques physiques, les qualités mentales d’un quart-arrière l’emportent toujours. S’il y avait un quelconque doute à ce propos, il suffit de considérer les quart-arrières suivants et leurs carrières respectives : Tom Brady, Peyton Manning, Jay Cutler, et Michael Vick. Un cas pourrait être fait sur Cutler et Vick, les quart-arrières les plus talentueux de la ligue. Pourtant, ils n’ont joué zéro Super Bowls et ont seulement 5 apparitions en play-off à eux deux (Cutler n’en a qu’une). Brady et Manning ont joué dans 8 Super Bowls (comprenant 3 victoires pour Brady et 1 pour Manning) et ont fait 24 fois les play-offs (avec deux nouvelles apparitions cette année). Pourquoi Manning et Brady ont bien plus connu de succès que Cutler et Vick ? Un seul mot : Caractère. Leurs coéquipiers croyaient en eux, les admiraient, et savaient qu’ils se bâteraient sur chaque jeu. Quand ils sont sur le point de perdre la partie, ils ont confiance en leur quart-arrière pour faire rebondir l’équipe. Réciproquement, Cutler s’est forgé une réputation d’homme qui fait la tête, prend de mauvaises décisions sur le terrain, et a souvent manqué d’enthousiasme, tandis que Vick a été critiqué pendant de nombreuses années pour son manque d’investissement, sa faible discipline et son arrogance. Ces facteurs ont considérablement séparé Brady et Manning de Vick et Cutler, malgré la supériorité athlétique de ces derniers.

Lorsque n’importe quel joueur réussi à atteindre la NFL, il est évident qu’il possède les atouts physiques pour intégrer la ligue. Cependant, avec la position du quart-arrière, ce sont les choses incorporelles qui font la plus grande différence et divisent les joueurs Elites de la moyenne. Le plus grand quart-arrière n’ayant jamais joué n’est pas nécessairement le plus talentueux – c’est leur caractère qui les démarque.