Réflexions sur le Coaching

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Par: Travis Brody
Traduit par: Lorenz Plassmann

 

Coacher, c’est avant tout mettre vos joueurs dans les meilleures dispositions pour gagner. Bien entendu, cela consiste à bien les entraîner et à lancer des actions de jeu qui exploitent les faiblesses de vos adversaires. Mais il s’agit aussi d’aligner sur le terrain les meilleurs joueurs à chaque poste, et les laisser donner le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain.

Obliger des joueurs à occuper des postes qui ne correspondent pas pleinement à leurs capacités, ou négliger des joueurs talentueux mais qui n’entrent pas dans votre système de jeu créerait un dangereux précédent. Il faut éviter d’être rigide, de s’entêter dans un système inadapté parce que vous êtes peu disposé à apprendre quelque chose de nouveau. Il vous faut prendre le temps d’évaluer de manière objective vos joueurs et de mettre en place le système de jeu qui exploite le mieux vos points forts. C’est la responsabilité du coach que de mettre les meilleurs 11 joueurs sur le terrain. Sacrifier les talents sur l’autel de l’obstination est le meilleur moyen de se faire limoger.

Au début de ma deuxième saison en Europe, nous jouions le système offensif Spread offense (1 arrière, 1 tight end et 3 receveurs). Après deux premières défaites consécutives très serrées, j’ai fait une petite suggestion qui a eu un énorme impact. Puisque nous avions 4 excellents receveurs et 1 tight end inexpérimenté, j’ai proposé de passer en mode 4-wide (c’est-à-dire 1 arrière, 4 receveurs, aucun tight end), ce qui nous a permis de mettre nos meilleurs joueurs sur le terrain. Malgré certaines hésitations, liées au fait que nous affaiblissions la protection du quarterback, nous avons fait ce changement et tout de suite constaté des résultats. Nous avons gagné les trois matches suivants de manière décisive, pour nous mettre en position de candidats aux playoffs. Avoir nos meilleurs 11 joueurs sur le terrain s’est révélé beaucoup plus précieux que d’avoir une protection supplémentaire pour le quarterback, car cela mettait la pression sur les défenseurs adverses et les obligeait à retirer un joueur de la ligne secondaire défensive. Non seulement le rendement de notre attaque s’est amélioré, mais la protection du quarterback s’est également renforcée grâce à la réduction du nombre de pass rushers.

Si vous n’avez pas deux bons running backs, pourquoi utiliser un système à deux running backs? Si votre point fort est sur le côté gauche de votre ligne offensive, pourquoi ne pas le solliciter plus fréquemment avec des courses? N’aidez pas vos adversaires avec de mauvais lancements de jeu ou des formations défavorables — apprenez à mettre vos joueurs au bon poste et à choisir les tactiques qui exploitent au maximum leurs capacités. Si vous ne prenez pas conscience de l’importance de ces petits réajustements pour faire la différence entre la victoire et la défaite, vous vous voilez la face.

Il est également possible de s’inspirer d’autres sports. Lors de la saison où je coachais une équipe de basketball, je me suis aperçu que nous avions un joueur qui évoluait à un niveau d’énergie beaucoup plus élevé que n’importe quel autre joueur de l’équipe. Lorsqu’il était sur le terrain, l’équipe jouait avec plus de rythme et mettait une importante pression défensive sur l’équipe adverse. Sa puissance et son jeu défensif exemplaire en faisaient l’un des 3 ou 4 meilleurs joueurs du championnat. La plupart des coaches l’auraient certainement titularisé systématiquement pour exploiter au maximum son efficacité immédiate, mais j’ai trouvé un meilleur moyen d’utiliser toutes ses compétences. Plutôt que de l’aligner dans l’équipe de départ, je le faisais rentrer juste après la moitié du premier quart-temps. Il remplaçait un joueur qui avait commis trop de fautes ou qui était en dessous de ses capacités, et le score évoluait rapidement de 8-7 ou 10-8 à 22-10 ou plus. Son niveau impressionnait nos adversaires et accélérait notre rythme sur le terrain, et les équipes finissaient vite par succomber sous la pression. Cette équipe termina la saison sur un bilan de 24-1 et remporta le tournoi européens des Ecoles Internationales, en grande partie parce que nous avions maximisé ses nombreux talents.

Vous pouvez exploiter les talents de vos joueurs de multiples façons. C’est à vous de les mettre dans les meilleures dispositions possibles pour réussir. Identifiez vos forces et utilisez vos atouts pour mettre la pression sur votre adversaire, pas sur vous-même.

De nombreuses équipes m’ont demandé comment définir le coach idéal. Fort heureusement, il y a une recette pour le succès, éprouvée encore et encore au Lycée, à l’Université et au niveau professionnel. Le coach idéal a entre 40 et 60 ans, et ce, pour de bonnes raisons. Typiquement, les coaches faisant partie de cette tranche d’âge ont une grande expérience du jeu tout en étant encore assez jeunes pour être ouverts aux nouveaux concepts. C’est un âge idéal, et trouver un coach qui répond à ce critère peut être un énorme avantage pour votre équipe.

Faire venir un coach de qualité dans cette tranche d’âge est très difficile, mais pas impossible. La plupart d’entre eux répondant à ces critères sont plutôt susceptibles d’être au beau milieu de leur carrière aux Etats-Unis ou au Canada, et ne considèrent pas trop les opportunités en Europe. Si vous envisagez néanmoins d’en faire venir un, il y a deux alternatives, en dehors de cette tranche d’âge.

Entre un jeune coach (moins de 40 ans) et un coach plus âgé (plus de 60 ans), je suis plus séduit par l’idée de recruter le jeune, qui est davantage susceptible d’être ouvert d’esprit et audacieux en matière de stratégies. Vous sacrifiez l’expérience au profit de l’innovation, certes, mais dans le Football américain, l’innovation est plus précieuse que de l’or. Les coaches de légende ont été célébrés pour avoir introduit de tout nouveaux concepts, et cette qualité devrait constamment être soutenue et encouragée.

Les jeunes coaches venant d’Outre-atlantique ont souvent envie d’engranger de l’expérience comme entraîneur avant de retourner en Amérique du nord pour poursuivre leur carrière. Vous pouvez ainsi souvent trouver des coaches exemplaires, qui sont intéressés par cette expérience à l’étranger et qui ont envie de progresser rapidement vers un poste d’entraîneur principal.

Ceci étant dit, il existe quelques excellents coaches qui ont entraîné en Europe avec succès alors qu’ils avaient largement dépassé les 70 ans. Le problème c’est que de nombreux autres ont causé des ravages dans leur équipe en étant campés sur leurs positions et en étant réticents à s’adapter à leurs joueurs ou aux idées novatrices. Ceci peut souvent s’avérer nuisible pour des équipes qui souhaitent créer un environnement positif dans leur culture organisationnelle. C’est une réalité sociologique, on devient plus conservateur avec l’âge, et le Football américain n’échappe pas à la règle. Le problème c’est que le Football américain est un sport qui évolue radicalement environ tous les 10 ans, et les coaches doivent rester suffisamment alertes et novateurs pour s’adapter aux nouvelles stratégies et aux nouvelles techniques. Par ailleurs, un coach qui vient en Europe après la retraite peut voir cela comme des congés payés, et pas comme un véritable défi, celui de bâtir une équipe. Soyez suffisamment perspicace pour voir la différence.

Enfin, ne soyez pas démesurément enthousiaste pour des coaches qui ont eu une expérience en NFL ou en Division 1 de la NCAA. Les coaches de NFL s’intéressent plus à la stratégie qu’à la technique. Ils peuvent avoir des objectifs irréalistes pour votre équipe, ce qui peut se solder par des conflits de personnalités. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas une expérience précieuse, mais il vaut mieux trouver un coach qui a de l’expérience au niveau du Lycée. Ces coaches sont davantage intéressés par l’enseignement des bases du jeu, ils ont travaillé avec des joueurs dont le talent est comparable à celui des joueurs de votre équipe.

Je suis vraiment favorable à ce que l’on épuise tous les types de coaching, que ce soit avec des coaches de votre pays ou des coaches qui viennent d’Amérique. Vous devriez recruter un coach qui correspond à la culture de votre organisation et qui incite vos joueurs à devenir meilleurs. Plus important encore, votre coach doit être quelqu’un de bien, quelqu’un que vos joueurs respectent. Il ou elle doit être un exemple pour l’équipe, un ambassadeur de votre organisation à chaque fois que l’équipe est sur le terrain.

Comme pour toute chose, faites une bonne recherche et veillez à ce que vous fassiez venir la bonne personne. Un coach peut aussi bien être un don du ciel qu’un poison pour votre équipe, prenez cet engagement au sérieux. Si vous avez besoin d’un avis ou de conseils, n’hésitez pas à nous contacter.

Si vous êtes perspicace et envisagez chaque situation de manière objective, vous vous placerez, vous-même, vos coaches et votre équipe, dans la meilleure position possible pour réussir. Bonne chance !

 

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